Extrait
Ruggero Pazzi ne représente rien. D’où cette question : que veut-il, que cherche-t-il, quel est son propos, lorsqu’il façonne le marbre, le granite, le travertin ou la pierre de Volvic ? Qu’a-t-il l’intention d’en faire ? Le qualificatif d’abstrait vient à l’esprit. Mais, s’il en est fait grand usage, ce terme manque de rigueur ; bien qu’il soit pratique, ne le retenons pas. Le rapprochement avec d’autres artistes peut-il nous éclairer ? Par exemple avec ceux qui optent pour les formes pures ? Brancusi ? Dans son extrême dépouillement, il reste figuratif. Hans Arp, Alicia Penalba ? Leurs œuvres sont allusives, faisant penser au monde organique. Etienne Hajdu ? Toute une série de ses sculptures si attachantes se reconnaît à une silhouette qui peut être regardée comme une sorte de déesse de la végétation, totalement inédite. Inutile de poursuivre. C’est en vain que l’on tente de définir l’œuvre de Pazzi en cherchant à le situer par rapport aux mouvements artistiques qui lui sont contemporains. Essayer de le ranger dans une catégorie est vain.
Face à la pierre, il oublie tout. Il est accordé à la pierre. L’énergie contenue en elle lui est présente ; ses poussées internes, il les perçoit. Il va se mesurer à elles pour les acheminer vers une forme. Une complicité naît ; une collaboration s’établit. Celle qui fut son épouse le confirme : il s’agit d « un travail à deux » et, en même temps, elle le précise, d’un « corps à corps ». L’engagement physique est intense, passionné.
Rare intimité avec la pierre. Il lui devait de transformer le moins possible de chair minérale en chutes, en déchets ; aussi jugeait-il sévèrement les œuvres obtenues au prix d’ablations excessives, si bien que leur volume était par trop inférieur à celui du bloc travaillé. Lui s’efforçait de satisfaire de façon optimale les suggestions de la pierre.
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